Le blocage de la prison de Fleury-Mérogis,
la plus grande d’Europe, est le résultat d’une surchauffe du
système pénitentiaire français, qui compte désormais
près de 70 000 détenus
(+ 5 % depuis 2014), dépassant de 11 000 ses capacités
d’accueil. Quelques jours plus tôt, c’était la directrice de la
maison d’arrêt de Villepinte,
lieu saturé avec un taux d’occupation supérieur à
200 %, qui avait refusé d’accueillir de nouveaux prisonniers.
Climat sécuritaire
Cette surpopulation carcérale touche aussi les établissements
les plus récents et, de fait, l’ouverture de quinze nouveaux
centres de détention depuis 2012 n’a en rien enrayé la tendance.
Plus on crée de places, plus on incarcère, et plus on dégrade les
conditions de vie des détenus, l’essentiel des
dépenses allant à l’investissement au détriment du
recrutement de personnels pénitentiaires et de
l’entretien et de l’aménagement des locaux existants.
Les effets sur la violence à l’intérieur des
établissements sont avérés. Il en est de même pour la
récidive, faute de moyens matériels et de volonté
pour une politique de prévention.
L’inflation carcérale s’explique par le climat sécuritaire
lié à l’état d’urgence, qui joue sur les peines
prononcées, alors que la délinquance et la criminalité
n’ont pas sensiblement évolué. Le manque
chronique de moyens de la justice,
qui touche aussi l’application des peines, et donc
les possibilités d’aménagement, n’est pas non plus pour
rien dans cette dégradation.
La France mise en accusation
Il n’en demeure pas moins que,
dans ce domaine comme dans d’autres,
les renoncements du gouvernement auront
été patents pendant le quinquennat qui s’achève.
Les timides avancées faites par Christiane Taubira se seront heurtées
au mur d’une communication sécuritaire délétère.
Les solutions pour limiter la surpopulation carcérale,
et ses effets, sont pourtant connues : l’aménagement
des peines dans la dernière année d’incarcération
pourrait à lui seul mettre fin à la
surpopulation en maison d’arrêt ; le développement
de peines alternatives à l’enfermement serait tout
aussi efficace (travaux d’intérêt général, contrainte
pénale, sursis avec mise à l’épreuve…). Le comité
de prévention de la torture du Conseil de l’Europe
vient ainsi de rappeler à la France ses recommandations,
et notamment la diminution du
recours à la détention préventive.
C’est le sens d’un appel-pétition (« Pour des alternatives à la récidive ! »)
lancé par la section française
de l’Observatoire international des prisons,
avec notamment le soutien de la Ligue des Droits
de l’Homme et du Syndicat de la magistrature.
Hervé Le Fiblec
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