Un mois d’engagement obligatoire pour celles et ceux âgés entre 15 et 18 ans : tel est le projet de Service national universel (SNU), actuellement expérimenté. Une poursuite de l’engagement (trois mois au moins), sur la base du volontariat, est prévue. Le dispositif pourrait être généralisé en 2022-2023. Les jeunes Français seraient accueillis par groupes de deux cents par site, la première phase de quinze jours se faisant obligatoirement en internat pour développer un mode de vie commun grâce à des rituels collectifs. Les quinze jours restants, les jeunes iraient dans des associations, des structures d’accueil pour personnes âgées et/ou handicapées et bien d’autres dispositifs, selon des modalités qui ressemblent fort à du travail gratuit ! Il en serait de même pour une partie des encadrants, qui, issus de certaines grandes écoles, devraient, dans leurs cursus, des heures obligatoires d’encadrement.
Le gouvernement entend faire de ce SNU un outil pour inculquer des « valeurs » avec une coloration militaire. L’émancipation et l’éducation populaire sont absentes des visées gouvernementales. Le projet prévoit même des sanctions pour celles et ceux qui refuseraient de participer au SNU.
Le retour du péril jeune ?
L’impératif de « rendre unitaire la jeunesse », est lié essentiellement à une vision pessimiste et bien peu dynamique de la nation. L’engagement au sein de la société civile incluant des activités « préparatoires à l’intervention, en situation de danger-s collectif-s », est prévu lors de la seconde quinzaine du SNU et confié à l’Agence de service civique. On est loin des principes portés par l’éducation populaire depuis 1936, notamment à travers les Cemea (Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives) et la Ligue de l’enseignement.
La FSU, au congrès de Clermont-Ferrand, a exprimé son opposition à un dispositif « qui s’appuie sur une idée infondée : les jeunes d’aujourd’hui auraient un rapport distendu à la citoyenneté, et leur inculquer des valeurs “militaires” serait une nécessité ». Les enquêtes prouvent, au contraire, qu’ils et elles sont de plus en plus engagés et nombreux à adhérer à des associations, lancer des pétitions ou participer à des manifestations.
Pour le SNES et la FSU, « l’engagement ne peut avoir de sens que s’il relève d’une démarche volontaire ». Le SNU tourne le dos à ce que nous défendons pour la jeunesse : c’est pourquoi nous demandons la suppression de ce dispositif. Le budget alloué au SNU doit être utilisé pour mettre en place des projets réellement éducatifs.
Marylène Cahouet
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