Il aura fallu trois longues années pour que la montagne accouche d’une souris : la loi sur la fin de vie votée par l’Assemblée nationale reste pour le moins timorée et n’apporte que quelques améliorations par rapport à la loi de 2005.
Certes, la voix des patients sera mieux prise en compte : les médecins seront désormais tenus de respecter les volontés exprimées par le ou la patient(e) concernant le non-acharnement. Une personne de confiance pourra être désignée pour
prendre les décisions sur la fin de vie – on pense évidemment à éviter une nouvelle affaire Imbert.
Enfin, il sera possible d’avoir recours à une sédation longue et profonde dans les tout derniers moments de vie.
Au milieu du gué
Et pourtant, il n’y aura pas d’assistance active à mourir, euthanasie ou suicide assisté. La sédation profonde, systématiquement accompagnée de l’ar-
rêt des soins, de la nutrition et de l’hydratation, est en cela symptomatique de cette hypocrisie :
elle consiste en réalité à laisser les patients dépérir, et laissera bien des familles dans la souffrance. Le gouvernement, échaudé par le mariage pour toutes et tous, a été bien frileux : il a confié la question à un collège d’experts et à un panel de citoyens, comme s’il y avait urgence à ne pas faire de vagues.
Cette loi manque cruellement d’ambition en ce qui concerne plus largement l’accompagnement de la dépendance et de la fin de vie. Rappelons que seuls 20 % des patients qui auraient besoin de soins palliatifs y ont accès, dans des hôpitaux
débordés et formés à sauver, non à accompagner dans la mort. Alors que 70 % des français souhaitent mourir chez eux, rien n’est fait pour les accompagner et les soulager à domicile.
Voilà qui aurait, à coup sûr, amélioré le confort des malades en fin de vie.
On attendait plus que cela pour les patients et leurs proches.
Aurélia Sarrasin
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