En juin, le Mois des Fiertés a donné lieu à de grandes mobilisations, célébrant la diversité et faisant entendre nos revendications dans les marches festives des Pride. Le SNES-FSU milite au quotidien pour défendre les droits de toutes les personnes LGBTQIA+ et contre toute forme de LGBTQIAphobie, que ce soit pour les élèves, les personnels, comme pour tous·tes les membres de la société. Bon nombre de militant·es SNES-FSU et de sympathisant·es ont répondu à notre appel et ont participé aux différentes Marches des Fiertés partout en France. Le SNES-FSU se réjouit de cette participation massive qui a permis de rassembler autour d’une lutte commune et faire front face aux offensives réactionnaires LGBTQIAphobes en progression alarmante dans les discours politiques et médiatiques.
Ce Mois des Fiertés, très positif dans son ensemble a toutefois donné lieu à diverses offensives ciblant le mouvement LGBTQIA+ et s’inscrivant dans différentes stratégies réactionnaires. Elles ont toutes comme dénominateur commun la remise en cause de la portée politique des revendications LGBTQIA+. En cette fin du Mois des Fiertés, il nous paraît essentiel de dresser un bilan pour mieux comprendre les stratégies de la droite, s’en prémunir, et affirmer nos positions pour mener la contre-offensive.
Pinkwashing : l’essoufflement néolibéral
L’instrumentalisation politique des luttes LGBTQIA+ n’est pas un phénomène récent. Le pink-washing est devenu la norme pour de nombreuses entreprises et partis-politiques, qui à chaque mois de juin se parent des couleurs d’arc-en-ciel, dans l’unique but de toucher tous les potentiels consommateurs, quand bien même ces entreprises ou organisations contribuent à maintenir dans la précarité de nombreuses personnes LGBTQIA+ par le système violent qu’elles incarnent. Le néolibéralisme présente la lutte LGBTQIA+ comme une lutte morale, réduisant les discriminations à des phénomènes individuels, tout en s’opposant activement à de réelles améliorations des existences des personnes LGBTQIA+, et refusant toute lutte politique qui dénonce la violence systémique des LGBTQIAphobies.
Toutefois, les récentes évolutions laissent suggérer que ce pink-washing néo-libéral s’essouffle. D’abord, une moindre visibilité est conférée aux luttes et aux thématiques LGBTQIA+ ; la couverture médiatique des Pride a été extrêmement faible par exemple. A Dijon, la Pride a été interdite de circulation dans le centre-ville, invisibilisant délibérément les luttes LGBTQIA+. De plus, cette année de nombreux grands groupes qui jusqu’alors sponsorisaient les prides, ont retiré leurs partenariats et leurs subventions. Ainsi, la Pride de Toronto a perdu 900 000 dollars de subventions. Au Royaume-Uni, 3/4 des Prides ont perdu des sponsors. Le néo-libéralisme délaisse les droits des personnes LGBTQIA+ pour se compromettre auprès de l’internationale réactionnaire d’extrême-droite capitaliste et impérialiste qui se structure. Non seulement les personnes LGBTQIA+ sont délaissées et jetées en pâture aux offensives réactionnaires, mais la récupération politique même se transforme et se fait au profit d’un projet réactionnaire, impérialiste et raciste par l’homonationalisme.
Homonationalisme: quand l’extrême-droite instrumentalise la lutte :
L’homonationalisme désigne la récupération des luttes LGBTQIA+ par les mouvements d’extrême-droite. Elle est ancrée dans un imaginaire raciste selon lequel « l’Occident » serait un bastion du progressisme, contrairement aux pays du « Sud », qui seraient culturellement arriérés sur ces thématiques. L’instrumentalisation des luttes LGBTQIA+ par le gouvernement Israélien, dépeignant les Palestiniens comme anti-LGBTQIA+ car musulmans en est une incarnation. Il se présente comme un bastion progressiste pour les droits LGBTQIA+ alors même que le mariage gay n’y est pas autorisé et que de nombreux·ses queer palestinien·ne·s ont été victimes de leurs crimes de guerre.
L’idée que les personnes racisées seraient plus LGBTQIAphobes que les personnes blanches est également une forme d’homonationalisme. Ainsi, la Pride des Banlieues parisiennes a été instrumentalisée et récupérée surfant sur l’idée selon laquelle les LGBTQIAphobies seraient bien plus importantes dans les banlieues que dans le reste de la société, véhiculant ce même imaginaire discriminatoire et stigmatisant. Cette instrumentalisation vise également à réduire les LGBTQIAphobies à des phénomènes inter-individuels plutôt qu’à des mécanismes politiques et systémiques complexes qui viennent aussi et surtout d’en haut, de même que le racisme ou le sexisme.
C’est aussi pour cette raison que les luttes LGBTQIA+ sont incompatibles avec les mouvements réactionnaires et conservateurs. Pourtant, le gouvernement a soutenu la participation du groupes queer d’extrême-droite Eros à la Pride, malgré une opposition massive du reste des organisations.
L’inter-LGBT qui encadrait la Marche des Fiertés parisienne a subi une campagne de harcèlement médiatique, et a perdu les subventions de la région Ile-de-France, s’élevant à 50000 euros. C’est en raison de son inscription dans une lutte politique, anti-raciste, anti-capitaliste et anti-impérialiste que les subventions lui ont été ôtées. Le drapeau palestinien et le fasciste K.O. apparaissant sur son affiche lui ayant valu tant de critiques sont les signes d’une lutte cohérente qui s’attaque aux LGBTQIAphobies en tant que système qui lui-même perpétue et interagit avec d’autres formes d’oppression. Cette suppression des subventions a rapidement été relayée par l’extrême-droite qui elle, revendique la suppression des subventions de toutes les associations LGBTQIA+, à l’instar des articles du JDD détenus par le milliardaire Bolloré.
C’est parce que les néolibéraux et les réactionnaires ne veulent pas voir les personnes LGBTQIA+ triompher des idées fascistes qui menacent leurs existences, que de telles offensives s’organisent.
Violences réactionnaires, une haine et une lutte anti-LGBTQIA+ ouverte
Ainsi, outre un déclin des formes de récupérations néolibérales au profit de récupérations homonationalistes, de réelles offensives LGBTQIAphobes se structurent, et le mois des Fiertés a vu son lot d’offensives violentes. En Allemagne, un attentat visant la Pride de Wernigerode a été déjoué. Un autre attentat a blessé deux personnes quand une douzaine de militants néo-nazis a attaqué un festival LGBTQIA+ à Bad Freienwalde. L’extreme-droitisation des démocraties occidentales s’accompagne de faits de violence extrêmes qui touchent toutes les minorités. En Bretagne, des néo-nazis ont brûlé des ouvrages LGBTQIA+, évoquant les autodafés ciblant les ouvrages de Magnus Hirshcfeld. Les personnes LGBTQIA+ ont fait et font partie des premières cibles des offensives fascistes.
De plus, un récent article de Mediapart révèle que le milliardaire d’’extrême-droite Pierre Edouard Stérin, mais également le Ministère du Travail sous l’autorité de Catherine Vautrin, financent l’association « Réseau des Parents », une association sexiste, anti-IVG et transphobe qui intervient en milieu scolaire. Le SNES-FSU s’indigne que cette association portant une idéologie manifestement contraire aux Valeurs de la République intervienne en milieu scolaire et soit subventionnée par le Gouvernement, et demande la suppression des subventions qui lui sont allouées.
Ainsi, les offensives réactionnaires LGBTQIAphobes ont été nombreuses en ce mois des Fiertés et témoignent d’une tentative d’invisibiliser la diversité qu’elle incarne, et de taire ses revendications. En effet, c’est la lutte politique organisée, cohérente et visant à transformer la société qui est critiquée, car celle-ci n’est pas aisément récupérable par la droite à laquelle elle s’oppose.
Conclusion : Mener la contre-offensive
Malgré ces attaques nombreuses, il convient de se réjouir. En Hongrie, malgré son interdiction par Orban et son gouvernement fasciste, la Pride de Budapest a rassemblé plus de 200000 personnes. En France, des centaines de milliers de personnes ont participé aux Marches. L’inter-LGBT a été largement soutenue dans sa ligne combative. Le groupe d’extrême-droite Eros n’a rassemblé que 17 personnes. Nous écrasons par notre majorité et nos revendications l’extrême droite. Ne laissons pas la chambre d’écho médiatique nous forcer à la compromission et continuons de défendre nos revendications justes et égalitaires pour une société meilleure.
Face aux offensives LGBTQIAphobes qui se sont manifestées en ce Mois des Fiertés, il est essentiel de porter des revendications combatives et ambitieuses, anticapitalistes, anti-impérialistes et antifascistes. Le patriarcat et la cis-hétéronormativité ne sont pas seulement des phénomènes individuels ou politiques ; ils font système et imposent une vision oppressive, essentialiste et binaire des genres et des sexes. La lutte contre les LGBTQIAphobies n’est pas qu’une lutte morale l’échelle individuelle, mais vise bien à transformer un système d’organisation sociale. En tant que syndicat de transformation sociale, le SNES-FSU s’inscrit dans une démarche de lutte politique qui prend en considération tous les aspects politiques, économiques, idéologiques qui sous-tendent nos rapports sociaux et conditionnent les oppressions LGBTQIAphobes. Nous appelons à poursuivre dans cette voie Les marches des Fiertés, la lutte pour les et droits l’égalité des personnes LGBTQIA+. Face à la haine, nous continuerons d’avancer, collectivement, fièrement, et politiquement. Pour un monde sans LGBTQIAphobies, sans racisme, sans patriarcat et sans capitalisme.
Mycélia Guého
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