Scolariser pour intégrer

Selon un récent rapport de l’UNICEF, la moitié des migrants sont des enfants,
soit environ 50 millions. Leur accueil et leur intégration en France sont un enjeu majeur de société, et un défi professionnel pour les enseignant-es.
Rencontre avec Alain Seksig, directeur

L’US Mag : Quel est le rôle du CASNAV ?

Alain Seksig : Il a une double mission : assurer la
scolarisation des jeunes arrivant d’un pays étranger
en favorisant au plus vite leur intégration en
milieu ordinaire, et accompagner l’action quotidienne
des enseignant-es de français langue étrangère.

L’US Mag : Comment un jeune arrivant en
France est-il scolarisé?

A. S. : Obligatoire pour tous les jeunes âgés de 6
à 16 ans présents sur notre territoire, la scolarisation
est possible jusqu’à 18 ans pour les élèves
arrivant de l’étranger. Dans l’académie de Paris,
80 % des nouveaux arrivants que nous scolarisons
vivent en famille, 20% sont des mineurs isolés
étrangers (MIE).
Les connaissances de chacun d’eux, en français et
mathématiques (tests traduits en 36 langues) sont
évaluées au Casnav. Les résultats de ces évaluations
déterminent l’affectation de ces élèves dans
nos structures spécifiques – les unités pédagogiques
pour élèves allophones arrivant (Upe2a) –
ou dans les classes du cursus ordinaire. 126 Upe2a
fonctionnent dans notre académie : 50 en école élémentaire,
40 en collège – dont 9 pour élèves non
scolarisés antérieurement (Ensa), 6 en lycée général
et 30 en lycée professionnel – dont 10 pour
Ensa. Les élèves y reçoivent 18 heures de cours de
français par semaine sur un volume global d’environ
trente heures de cours. Ainsi peuvent-ils
être intégrés dans des classes ordinaires pour
d’autres disciplines.
À Paris, nous sommes très attentifs à la situation
des MIE. Nous scolarisons 86 % d’entre eux, les
autres étant en attente d’une décision du juge des
enfants quant à leur minorité et leur prise en charge
par le service social départemental. Depuis
novembre 2015, nous organisons des journées
d’accueil et d’information pour ces MIE. Outre la
présentation détaillée des Upe2a qui attendent la
plupart d’entre eux, des informations leur sont
données sur le service social scolaire et un temps
est consacré à l’explicitation des valeurs de la
République et de son école. L’insistance est mise
sur les principes de mixité (93 % des MIE scolarisés
sont des garçons) et de laïcité. Enfin, après la
visite d’ateliers dans l’EREA qui abrite ces journées,
un aperçu des métiers « en tension » (qui recrutent)
leur est proposé.

L’US Mag : Quelles améliorations envisagez-vous
pour l’avenir?

A. S. : Notre académie souhaite conforter l’accueil
des nouveaux arrivants et améliorer le suivi
des élèves après leur sortie d’Upe2a, notamment
en étendant le soutien en français langue seconde
déjà assuré dans de nombreux établissements.
Nous allons aussi très bientôt ouvrir une Upe2a
d’un type particulier pour les nouveaux arrivants
en situation de handicap –une « Upe2a-Ulis ». Ce
projet expérimental sera conjointement conduit
par le CASNAV et la MASESH (2). Il me tient particulièrement
à coeur.

Propos recueillis par Aurélia Sarrasin


(1) Centre académique pour la scolarisation des enfants
allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de
familles itinérantes et de voyageurs.
(2) Mission académique à la scolarisation des élèves
en situation de handicap.

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