En février, des dizaines de tags violemment antisémites ont été inscrits sur les rames et les stations du RER C. Leur auteur n’est ni un activiste d’extrême droite, ni un islamiste « radicalisé », ni un marginal se trompant de révolte, mais un paisible fonctionnaire territorial de 65 ans, prénommé Christian, qui a eu bien du mal à présenter une défense. Arguant sa méconnaissance de l’antisémitisme, alors qu’il a participé par le passé à des actions en faveur de la mémoire de la Shoah, il a malgré lui témoigné de la persistance dans la société française d’un antisémitisme traditionnel, honteux, marginal mais d’autant plus inquiétant qu’il peut se manifester à tout moment.
État des lieux
Les rapports annuels de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) montrent à la fois la faible pénétration en France du rejet et de la haine des juifs, et l’extrême violence, à la fois verbale et physique, des expressions antisémites au regard des autres formes de racisme et d’intolérance.
Malgré l’écho médiatique fait aux statistiques, le dénombrement des actes antisémites est complexe, et connaît des variations extrêmement importantes,
en hausse comme en baisse, liées surtout à une vraisemblable sous-déclaration. Rien ne démontre l’existence d’un « nouvel antisémitisme » porté par les musulmans et les actes antisémites sont, globalement, deux fois moins nombreux aujourd’hui que dans les décennies 2000.
Une lutte à mener
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille relativiser : la lutte contre les stéréotypes et les clichés véhiculés sur les juifs (lien à l’argent, détention d’un pouvoir plus ou moins occulte, communautarisme…) est un impératif, et doit être intensifiée.
Porter le débat sur l’équivalence entre antisémitisme et antisionisme n’est pas, en revanche, de nature à rendre cette lutte plus facile. S’il ne faut pas s’aveugler devant l’usage par certains antisémites de la critique d’Israël pour exprimer leur haine des juifs, les dispositions législatives actuelles sont suffisantes pour les poursuivre et les condamner. Encore, faut-il qu’elles soient appliquées, ce qui suppose une vigilance constante à ce sujet.
Rien ne serait en revanche plus catastrophique que de laisser croire à l’interdiction d’une légitime critique des politiques de colonisation, de discrimination, de violation du droit international et des Droits de l’Homme, menées par les gouvernements israéliens. Celles-ci doivent être dénoncées et combattues partout dans le monde, au Moyen-Orient comme ailleurs. Ni plus, ni moins.
Hervé Le Fiblec
Vous trouverez ici les échos de toute notre activité : engagement pour défendre les droits de toutes et tous, actions pour la défense des libertés individuelles et collectives, une activité indissociable de notre projet de transformation sociale.Des remarques, des questions ? Contactez nous à : droits.libertes@snes.edu